A Melting Passes, Abdoul Diallo est le milieu de terrain rêvé. Précis et calme, il organise le jeu, sait trouver des ouvertures dans la défense adverse, rattrape les erreurs de ses coéquipiers, remonte en défense dès la percée d’un attaquant. Pilier de l’équipe, il ne cherche pas la gloire mais rassure tout le monde. Son jeu est propre, il ne perd presque aucun ballon. C’est qu’il n’a raté aucun entraînement depuis son arrivée dans l’association, Abdoul a d’ailleurs toujours joué au foot : à Conakry où il a grandi, comme à Paris où il vit désormais.

La balle au pied ou non, Abdoul garde le sourire. C’est une prouesse car en 2015 Abdoul était encore en prison en Guinée pour avoir manifesté contre le régime d’Alpha Condé, et qu’en juin 2016 il arrivait en France après un périleux voyage pour y demander l’asile. Depuis, il dort dehors, sous un pont en banlieue parisienne. Tous les soirs, il appelle le 115 dans l’espoir d’un lit pour la nuit. Il obtient une réponse positive une fois par semaine en moyenne. Alors il traverse Paris pour passer la nuit dans le centre où une place est disponible et repart au petit matin.

En tant que demandeur d’asile, Abdoul a des droits, notamment celui d’être hébergé le temps de l’examen de sa demande. Comme beaucoup de personnes qui vivent dans des conditions indignes dans des campements parisiens, Abdoul ne devrait pas dormir dehors. Il ne fait pas partie des demandeurs d’asile bénéficiant d’une place dans un Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA). Il fait partie, en revanche, de tous ceux qui sont venus en France chercher une protection, qui font la queue chaque semaine devant l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII) pour s’entendre dire qu’il n’y pas de place, qu’on le rappellera. Ca fait maintenant trois mois que personne ne le rappelle.

Face à ce traitement indigne, Adboul ne cesse d’impressionner Melting Passes par son courage et son talent resté intact.